Hommage à Jean-Jacques BOURGUIGNON
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès du Dr Jean-Jacques Bourguignon, survenu le 4 août 2025, à l’âge de 78 ans. Chercheur émérite au CNRS et figure incontournable de la chimie médicinale française, il laisse derrière lui un héritage scientifique considérable, ainsi que le souvenir d’un homme passionné, humble et profondément bienveillant.
Jean-Jacques Bourguignon était un chimiste médicinal aux compétences rares, à la croisée de la chimie hétérocyclique de la chimie physique et de la pharmacologie. Il a consacré sa carrière à la conception et à l’optimisation de molécules thérapeutiques, en particulier pour le système nerveux central.
Après une thèse en chimie physique des polymères à l’Université de Strasbourg, puis un séjour postdoctoral aux États-Unis, il a très tôt orienté ses recherches vers la conception et l’optimisation de molécules d’intérêt thérapeutique, en particulier dans le domaine du système nerveux central.
Ses contributions à la recherche sont nombreuses et marquantes : il fut à l’origine de composés devenus des outils pharmacologiques de référence, comme la gabazine (1er antagoniste compétitif du récepteur GABA-A) ou le NCS-382, premier antagoniste du récepteur du GHB, toujours commercialisé aujourd’hui. Il a également travaillé sur des inhibiteurs de phosphodiestérases (PDE4), des antagonistes des récepteurs du neuropeptide FF (NPFF) contre l’hyperalgésie induite par les opioïdes, et plus récemment sur des agonistes sigma1 pour le traitement des maladies neurodégénératives.
Son engagement en faveur de la valorisation de la recherche s’est concrétisé par la création de la start-up Neuro3D, et de nombreux projets de transfert technologique, notamment avec la SATT Conectus. Il a poursuivi ses activités scientifiques jusqu’à ses derniers jours en tant que directeur de recherche émérite, guidé par une curiosité toujours intacte.
Auteur de plus de 150 publications scientifiques et d’une vingtaine de brevets, il a dirigé ou co-dirigé plus d’une cinquantaine de thèses, formant plusieurs générations de chercheurs en France et à l’international. Son rayonnement a largement dépassé les frontières nationales : il a tissé des liens solides et durables avec des laboratoires brésiliens d’excellence, favorisant la formation d’une nouvelle génération d’enseignants-chercheurs et consolidant des coopérations scientifiques internationales, saluées notamment par la médaille Camille Georges Wermuth reçue en 2016.
Jean-Jacques Bourguignon a également contribué à la vitalité de la communauté scientifique, en organisant plusieurs congrès internationaux de référence, comme les 39es Rencontres Internationales de Chimie Thérapeutique à Beaune (2003) et le 10e Symposium sur la chimie des pyridazines à Strasbourg (2006).
Au-delà de ses réalisations scientifiques, Jean-Jacques était un homme profondément humain, bienveillant et toujours à l’écoute. Ceux qui ont travaillé à ses côtés garderont le souvenir d’un collègue chaleureux, d’un mentor exigeant mais généreux, et d’un homme de science profondément attaché à la transmission et à la rigueur intellectuelle. Sa sagesse, son enthousiasme et son engagement resteront gravés dans nos mémoires.
Mais Jean-Jacques, c’était aussi une passion de la vie, une curiosité insatiable. Amoureux des voyages, des cultures, des rencontres inattendues, il avait ce talent rare de créer du lien, de s’émerveiller des choses simples et d’enrichir chaque échange d’une touche d’humanité. Son regard pétillant, son humour discret et sa bienveillance naturelle faisaient de lui un compagnon de route aussi précieux dans les laboratoires qu’en dehors.
Nous perdons un collègue précieux, un mentor, un ami. Nous saluons ici la mémoire d’un grand scientifique, d’un pédagogue remarquable et d’un ami fidèle. À sa famille, plus particulièrement Françoise sa compagne, Olivier, Julien et Anaïs ses enfants, Sacha, Mila et Hippolyte, ses petits-enfants, Luc son frère, à ses proches et à tous ceux qu’il a inspirés, nous adressons nos pensées les plus sincères.