Cellules souches cancéreuses et glioblastomes

La tumeur cancéreuse ne peut plus être considérée comme une simple excroissance tumorale due à une hyperprolifération de cellules ayant échappé à tout contrôle. C’est plutôt une parodie d’organe qui se compose de cellules cancéreuses différentiées et de cellules normales qui ont été attirées et se sont infiltrées dans la tumeur. Cette microsociété cellulaire (le tissu tumoral) pour persister doit :

  1. adapter son métabolisme à des conditions parfois extrêmes d’acidité et d’hypoxie,
  2. éviter l’apoptose et plutôt l’induire dans les cellules de son environnement pour récupérer des nutriments,
  3. leurrer le système immunitaire et détourner à son avantage le processus inflammatoire,
  4.  générer une diversité cellulaire en contournant les points de contrôle du cycle cellulaire et de l’intégrité du génome,
  5. interagir avec son environnement proche encore dénommé le microenvironnement dans un dialogue apaisé,
  6. développer une niche de cellules souches cancéreuses pour régénérer la tumeur ou pour s’extraire de la tumeur pour aller coloniser d’autres lieux (phénomène de métastase).

Les cellules tumorales répondent à des contraintes fonctionnelles et ne semblent pas avoir un destin figé. Les techniques récentes de laboratoires qui permettent une reprogrammation cellulaire (cellules IPS) ou une transdifférentiation n’apparaissent plus comme des curiosités (« utiles ») mais pourraient se produire dans les tissus tumoraux facilitant ainsi l’adaptabilité de la tumeur aux changements de son environnement mais compliquant la tâche du thérapeute.

Notre équipe « Cellules souches et glioblastomes » a pour objectif de comprendre le rôle des cellules souches cancéreuses dans les tumeurs solides et en particulier, dans le glioblastome.

Même si ce cancer est rare, il est l’un des plus mortels et est la deuxième cause de mortalité chez l’adulte.

Une des causes probables de sa malignité est la présence de cellules souches cancéreuses qui ont la capacité de se mettre en dormance et ainsi de résister aux agressions de l’arsenal thérapeutique et ensuite de régénérer une tumeur encore plus agressive.

C’est en partant de ce constat que notre équipe a recherché et trouvé des molécules capables d’induire la mort cellulaire des cellules souches cancéreuses et en particulier des cellules souches cancéreuses en état de dormance.

De manière surprenante, c’est une molécule médicament déjà ancienne (introduite en 1963) et qui a un effet laxatif (connu sous le nom de dulcolax®) que nous avons trouvé et qui présente une spécificité remarquable pour induire la mort cellulaire des cellules souches de glioblastomes isolées de plusieurs patients.

Fort de ce résultat, nous essayons de déchiffrer le mécanisme d’action de cette molécule sur les cellules souches du glioblastome.

Dans notre recherche à l’interface entre la chimie et la biologie, les molécules que nous trouvons et utilisons, sont à la fois des outils de recherche permettant de comprendre les rôles des cibles moléculaires de ces molécules mais ont aussi vocation à compléter l’arsenal thérapeutique existant.

Cet axe à l’interface entre chimie et biologie qui structure notre équipe permet l’éclosion de mille et une questions telles :

Quel est le rôle du signal calcium comme porteur d’information dans ces cellules ?

Comment recréer cette société cellulaire qu’est la tumeur in vitro ? Comment construire une tumeur 3D dans un tube à essai ayant vocation à remplacer les tests animaux ?

Comment modéliser une tumeur in silico et faire en sorte que l’on soit prédictif de ce qui se passe chez le patient ?

Et bien d’autres ……